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Le dressage du bambou

Le dressage

Il se pratique soit au moment du collage, avant que la colle ne durcisse, soit lorsque celle-ci est parfaite­ment prise. Tout dépend de la colle utilisée.

Dans le cas d’utilisation d’une résine époxy (Araldite Standard), il faut impérativement dresser immédiatement après ligaturage des brins collés. Les résines époxy supportent mal les redressements à chaud, c’est pourquoi celui-ci doit s’effectuer à froid, immédiatement après collage. On dispose d’environ 45 à 60 minutes selon la tempéra­ture ambiante.

Une fois le brin dressé, on le suspend quelques minutes avant de le vérifier de nouveau. On peut ensuite, soit laisser durcir la colle toute seule, soit enfiler le brin dans un séchoir comme décrit au chapi­tre précédent.

Ce système permet à la colle de polymériser plus vite. Dans le cas où un redressement à chaud s’avère indispensable, il est souhaitable de re-ligaturer le brin et de faire assez vite. On sent très bien le joint s’affaisser à la chaleur. Mais il reprend ses qualités mécaniques d’origine en refroidissant.
Une précaution supplémentaire est d’enrober le brin redressé de colle époxy fraîche et de faire fondre, avec un sèche-cheveux. La colle fondue pénètrera dans les joints.

Les colles résorcines permettent le redressement à chaud.
Ce n’est pas un de leurs moindres mérites. Toutefois le défaut de la qualité existe: dans le cas d’utilisation de la Résorcine Standard, on ne dispose que de très peu de temps avant la prise de la colle.

Il faut donc faire très vite pour le dressage à froid. Lors d’un collage de ce type, nous nous occupons surtout du vrillage du brin, qui se rattrape trop difficilement à chaud. En règle générale, on doit éviter de faire travailler une colle lorsqu’elle commence à prendre, afin qu’il n’y ait pas de contraintes internes préjudiciables à sa résistance future.

La résorcine estivale ne me paraît pas souffrir de ce défaut de prise rapide et apparaît donc comme la colle idéale à l’heure actuelle.

Note 2006 : les PU ont d’autres qualités.

Le dressage à froid

C’est donc celui qui s’effectue immédiatement après collage, sans qu’il soit nécessaire de chauffer le brin. On dispose d’un temps plus ou moins long selon le type de colle utilisée. Ce dressage ne doit pas durer au-delà du début de prise de la colle, moment qui est nettement perceptible.

Le dressage à froid me paraît nettement supérieur à celui effectué à chaud. Cette supériorité tient au fait que la fibre du bambou ne subit aucune contrainte, de quel­que ordre que ce soit.

Le dressage à chaud

Il utilise la faculté qu’a le bambou de se déformer à la chaleur pour reprendre sa dureté en refroidissant.

Flamme, décapeur thermique

Le système idéal pour le dressage à chaud est formé d’une rampe à gaz droite avec de chaque côté des berceaux pour mettre des fibres à la chaleur sans qu’elles soient en contact avec la flamme.
Les berceaux doivent être réglables pour s’approcher plus ou moins de la chaleur, légèrement au-dessus du départ de la flamme. Un appareillage plus simple est constitué d’un réchaud à alcool surmonté d’un fin grillage. On peut en imaginer d’autres.

Depuis quelques temps nous utilisons un troi­sième moyen: le sèche-cheveux ou le décapeur ther­mique. Pratique et maniable, il permet d’opérer des redressements sans risque de voir la fibre brûler. Il est aussi plus précis, lorsqu’il s’agit de chauffer un endroit très localisé du brin à redresser.

Les techniques de dressage

Dès que les éléments sont collés et ligaturés, la première chose à regarder est leur vrillage éventuel.
En posant le brin à plat sur une table et en effectuant des torsions plus ou moins fortes en des points que seule l’expérience permet de déterminer, on remet les six faces bien à plat.

Il ne faut pas croire que, si une face vient d’être redressée, toutes ont suivi totalement. La vérification doit s’effectuer sur les six faces, mais ce travail est généralement rapide, sauf au bout des scions très fins où le plat, souvent englué de colle, est peu visible. Après le dévrillage, on prend la fibre et on s’en sert comme du canon d’un fusil avec lequel on viserait. Les défauts deviennent alors très apparents.

Ils sont de deux ordres:

- des courbures lentes affectant tout ou partie de la fibre. Ces courbes, de grande amplitude, se redressent plutôt à la main qu’à l’outil. A chaud, ces courbures se repren­nent très bien avec un sèche-cheveux, même sur des cannes déjà montées et vernies; - des brisures, des angles brefs par rapport à la rectitude de la fibre. Ce sont les plus longs et les plus ennuyeux à rectifier. Ils ont généralement la forme de « S » aux angles plus ou moins nets. C’est pour les redresser que l’outil devient indispensable, car il permet une grande précision. À froid comme à chaud mais surtout à froid à cause des ligatures, il se produit des phénomènes optiques et de fatigue des yeux qui risquent de fausser la vision que l’on a d’une bonne rectitude. Aussi il est souvent nécessaire de changer de méthodes de visée:

- en retournant la fibre à dresser car on voit mal ce qui est plus proche de l’oeil et cela peut s’avérer désastreux au niveau des viroles. Le fait de tailler et de coller des brins plus longs que l’élément définitif pallie en partie cet inconvénient;

- en faisant tourner la fibre tenue verticalement à deux doigts par le haut. Les courbures apparaissent nette­ment dans la rotation.

Ne nous leurrons pas: le dressage est une opération longue, ennuyeuse et fatigante, et une rectitude totale est fort difficile à obtenir.

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Le ponçage

Ayant franchi avec succès ce test, l’élément va être poncé, c est–à-dire qu’on va lui ôter ce qui lui reste de cuticule amorphe, ou "vernis naturel". On en profitera pour regarder si chacune des faces est bien plane sur toute sa longueur: un creux ou une bosse prononcée, et la notion d’action perd tout son sens, car il ne faut pas oublier que ce sont les cotes externes qui font le profil d’une canne, par définition.

Chez certains fabricants, ce ponçage est mécanique : la canne est promenée sur la bande d’une ponceuse. Ce procédé permet de masquer à bon compte des défauts, en particulier des bosses; et cela au détriment de la qualité puisque c’est l’émail du bambou qui est attaqué. Il ne faut toutefois pas exagérer cet inconvénient, et si des « bosses » légères se présentent, on peut les éliminer. Il n’y a rien à faire contre les « creux », qui condamnent l’élément ayant ce défaut.

Lorsqu’un élément collé est dressé et poncé, on vérifie ses cotes tous les 5 ou 10 centimètres. Cette mesure doit porter sur chacune des faces, ce qui donnera trois mesures d’épaisseur pour un même point de l’élément. Nous gardons comme tolérance 1/20 ème de millimètre pour le talon, moins pour le scion. Mais en fait, il faut préciser que cette tolérance s’applique à deux comparaisons: d’une part les différences entre les trois mesures pour un même point de l’élément, et de l’autre la cote que doit avoir l’élément au point donné par rapport au profil souhaité.

En pratique, c’est la première comparaison qui a le plus d’importance.

Pour revenir au ponçage, nous le réalisons avec du papier abrasif (ou de la toile émeri), assez fin, collé sur un parallélépipède en bois.

Il faut nettoyer assez souvent l’abrasif car il se « charge » vite de poussière de bambou. Il se dégage une assez bonne odeur camphrée de cette opération, une odeur qui sent la " finition".

 

 

 

 

pecheur à la mouche en action

 

 

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Canne refendu©2007 -