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Vernissage d'une canne

Comment vernir une canne en bambou refendu

La méthode : la "goutte"

Pour le vernissage, je n’emploie désormais plus qu’une seule méthode, qui est celle de la « goutte ». C’est pour moi celle qui donne les meilleurs résultats quant à l’aspect final de la canne, et la plus simple une fois qu’on a ‘’pris le coup’’.

Le procédé est très simple dans son principe, et plus délicat de mise en œuvre. Il s’agit de déposer une goutte en haut de l’élément que l’on désire vernir, et en faisant tourner l’élément légèrement incliné faire en sorte que la goutte, régulièrement ‘’nourrie’’, s’enroule autour de l’élément et, descendant peu à peu, l’enrobe complètement.

J’utilise des vernis polyuréthanes vendu en pots de 25 cl en grande surface bricolage. Les vernis à maquette conviennent aussi pour peu qu’on leur fabrique un support afin qu’ils ne se renversent pas. Je préfère toutefois les pots de 25 cl parce que leur ouverture est plus grande, et que les gouttes qui fréquemment ne ‘’s’accrochent pas ‘’ à l’élément ont moins de risques de tomber à côté.

Pour des cannes appelées à subir des chocs importants, on peut se servir de vernis de carrossiers, à deux composants, mais leur durée de vie (en stockage) est très brève. Les vernis PU ont l’énorme avantage de pouvoir être poncés (abrasif à l’eau grain 800), et cela dès le lendemain du vernissage. Cela permet de rectifier le moindre petit défaut et de le faire ainsi disparaître.

La technique de vernissage

La technique de vernissage peut être résumée en quelques points :

* le vernis doit être assez dilué (10 à 15 %).
* on n’utilisera pas un pinceau, mais une tige de bois, fine pour le scion, un peu moins pour le talon. J’emploie des morceaux triangulaires provenant de chutes de brins, mais des tiges rondes font aussi bien l’affaire.
* la goutte ne doit pas être déposée sur l’élément mais tomber dessus de la plus courte distance possible. En effet déposer une goutte c’est aussi souvent déposer une bulle.
* lorsque la goutte ‘’n’avance plus’’, faire rouler l’élément en arrière avec les doigts en diminuant l’inclinaison et repartir en avant dès le dépôt de la nouvelle goutte.
* l’élément en cours de vernissage doit être incliné de telle façon que la goutte ne risque pas de ‘’filer’’ sur une face mais avance tout de même. C’est ce qui est le plus difficile à acquérir. En moyenne, il faut environ vingt minutes pour vernir un élément de 120 cm. Deux couches sont en général nécessaires.

Comme je n’apprécie pas beaucoup les cannes trop brillantes, je passe le vernis sec au tampon à vaisselle usagé ou à la laine d’acier très fine, puis à la pâte à polir je lui redonne un brillant moins agressif. On peut imaginer d’utiliser un vernis satiné, mais sa dureté étant moins grande, il sera moins résistant ; mieux vaut donc satiner un vernis brillant.

A noter que pour les cannes avec assemblage ‘’sifflet’’, on ne vernit pas la partie accueillant l’adhésif d’assemblage avec du PU mais avec de l’époxy (Araldite) tirée au doigt. Le raccord sera masqué par une petite ligature.

Vernissage des ligatures.

Bien qu’il soit possible de vernir à la goutte l’ensemble de la canne (anneaux montés), je préfère vernir les éléments nus et effectuer le vernissage des ligatures ensuite, ne serait-ce que parce que les ligatures ‘’pompent’’ beaucoup de vernis, même si le fait de les passer à la colle cyanoacrylate dès qu’elles sont réalisées réduit un peu cette absorption.

On peut aussi, après avoir passé une première couche sur les éléments nus et monté les anneaux, vernir les ligatures jusqu’à saturation, puis passer une dernière couche sur l’ensemble de la canne. Dans ce cas, il n’est pas inutile de se servir de papier absorbant pour pomper au niveau de l’insertion des anneaux l’excédent de vernis qui s’y maintient. C’est assez délicat mais cela en vaut la peine : j’ai souvent vu des cannes vernies au bain avec une accumulation de vernis qui finissait par casser à cet endroit.

Un autre système de vernissage, fréquemment employé, est celui de la bouteille et du gant. Du temps du Club Français du Refendu, nous l’avions découvert dans Planing Form, le bulletin américain des constructeurs.

Ce procédé utilise un petit tube qui sera fermé en bas par un doigt de gant en latex, tendu et percé d’un trou par lequel on fera monter doucement l’élément à vernir après avoir rempli de vernis le tube. Si le positionnement, la fixation du tube et le gant en latex ne sont pas d’une mise en œuvre trop complexe, on ne peut en dire autant du système mécanique destiné à faire monter l’élément de façon lente et régulière. On ne peut par ce procédé vernir que des éléments non habillés, sans anneaux.

Quand au système du ‘’bain’’, qui consiste en une immersion complète de la canne déjà ligaturée dans un tube rempli de vernis, il ajoute à une mise en œuvre complexe un gâchis de vernis eu égard à la quantité nécessaire pour remplir le tube de vernissage.

Je n’ignore pas que la fabrication de machines complexes destinées à ‘’faciliter’’ la construction occupe une grande place chez un certain nombre de constructeurs et que j’ai un temps partagé cette passion, mais désormais je préfère aller à la pêche ou construire … les cannes elles-mêmes ! Le vernissage à la goutte, simple d’emploi et de mise en œuvre très rapide, prend certainement moins de temps que la simple installation de tout autre système ‘’automatique’’.

 

 

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Canne refendu©2007 -