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Le tierçage des bambous...

Le tierçage des baguettes

Le bambou n’ayant pas la même résistance, ni la même réponse aux impulsions au niveau des noeuds qu’entre ceux-ci on a imaginé de décaler les noeuds les uns par rapport aux autres afin qu’ils ne se trouvent pas aux mêmes niveaux une fois l’élément collé, et soient régulièrement répartis: c’est le tierçage. ...

tiercage des baguettes de bambou

Il va de soi que sur l’élément collé, les baguettes ayant des noeuds à la même hauteur ne sont pas côte à côte, mais alternées.

Le tierçage se pratique par 1, 2 ou 3 baguettes à la fois.

Garrison tirait ses six baguettes côte à côte d’un même tronc et obtenait son tierçage par décalage successif de chaque baguette. Sur la canne assemblée, les noeuds se retrouvaient « en spirale » ».

Ce procédé permet un tierçage dans lequel les noeuds sont également répartis tout au long de l’élément. Mais ce procédé de décalage rend inu­tilisable, pour l’ensemble des baguettes, une certaine longueur qui devra être coupée. De ce fait, les baguettes doivent être beaucoup plus longues que l’élément futur.

Garrison rallongeait quatre des six éléments par collage après taille en biseau des éléments à assembler. Je ne suis pas certain que l’intérêt du système de tierçage compense les défauts inhérents à son rattrapage de longueur, et au délicat travail qu’il demande.

 

Le tierçage par appairage de troncs

L’autre technique de décalage des noeuds, la plus utili­sée et qui a depuis longtemps fait ses preuves, est de grouper les noeuds par trois en ne décalant qu’une baguette sur deux: c’est le tierçage proprement dit. Trois baguettes auront des noeuds à la même hauteur, puis les trois autres, etc.

Un bon tierçage est obtenu lorsque les alternances de noeuds se trouvent à peu près à égales distances les unes des autres.

tiercage par décalage

On peut procéder de plusieurs façons, soit par retournement des baguettes, soit par appairage avec un autre tronc.
Le tierçage par retournement ne pose pas de problème quand il s’agit d’un futur scion, mais pour de futurs talons il arrive que la densité de fibres primaires, dont nous avons déjà parlé, ne soit plus assez importante pour servir là où l’épaisseur du futur élément sera la plus grande.

Toujours dans le cas du retournement, mais aussi lorsqu’on appaire avec un autre tronc, il est fréquent qu’il faille décaler trois des six éléments afin de mieux répartir les alternances de noeuds. Il faudra dans ce cas couper ce qui dépasse.

Tierçage Garrison Disposition 1-5-3-6-2-4

Il m’est arrivé de « tiercer »... deux par deux! Les baguettes provenaient de trois troncs différents; je ne vois pas pourquoi on ne prendrait pas les baguettes sur six troncs. En effet l’axiome selon lequel les six brins formant un élément, ou les douze une canne complète, doivent provenir d’un seul et même tronc (c’est pourtant ainsi que Garrison procédait) me paraît être purement dogmatique, même s’il a un petit côté "magique".

On a imaginé encore plus fort, c’est la suppression des noeuds, qui élimine le tierçage. Chaque baguette est taillée en biseau avant et après le noeud, puis réassemblée par collage. Travail énorme dont l’intérêt ne m’apparaît pas évident au-delà de la finesse du procédé.

 

Le numérotage des baguettes de bambou

Lorsque le tierçage est achevé, il est utile de numéroter les baguettes de telle façon qu’il n’y ait plus de risque de confusion avec d’autres. J’ai déjà dit qu’il n’était pas indispensable (ni utile?) que les six baguettes proviennent du même tronc, mais il est utile d’en avoir de trop, au cas où une baguette serait abîmée au cours de la taille.

Dans le même ordre d’idées, qu’on n’oublie pas qu’il faut les garder les plus longues possibles, car si un brin a un " éclat", même minuscule, lors de la taille définitive, en général une minuscule esquille fine comme un cheveu mais qui serait visible sous forme d’un trait sombre après collage, on rattrapera en décalant tous les six brins vers le haut dans le gabarit de finition, sacrifiant quelques centimètres (en général une dizaine) qu’on sera bien content d’avoir eu en trop sur les baguettes.

Avant de passer au premier dégrossissage, qui est la mise au triangle des baguettes, il est toujours utile qu’une face au moins (hors l’écorce et le côté opposé) soit bien perpendiculaire par rapport aux autres, formant une section bien rectangulaire. Cela peut facilement se faire à la lime ou mieux, à la râpe fine ; j’utilise pour cela une râpe de luthier, "piquée main", car son efficacité, sa finesse de grain, sont redoutables.

Note 2006 : le rabot rend les mêmes services, et plus facilement.

 

 

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